"Je m'baladais sur l'avenue le coeur ouvert à l'inconnu". Bizarrement, ça sonne un peu faux lorsque je parcours le ruelles d'Astrub. Violence, mendicité, arnaques, anges et démons vendant leur corps à la cité adverse pour une poignée de kamas: je ne serais pas étonné d'y croiser Bébert de la Villardière tournant un reportage. Tout me dit qu'il est temps de prendre le large et de retourner me tartiner de miel pour me jeter tout nu dans un nid de moskitos, ce monde n'est décidément pas pour moi. Pourtant, sur la route du suicide, un écriteau (joli, par ailleurs) attire mon attention:
"Tarés, originaux, fous, bizarres, marginaux, déviants, intelligents mais pas trop, cinglés et épicés, narcissiques, gentils psychopathes et doux mélomanes, polyglottes et idéalistes, rêveurs et gourmands, cette guilde est faite pour vous."
Mais, mais, mais ! Ca veut donc dire qu'il y aurait une place pour moi en ce monde !
Ni une ni deux, j'attrape un piou pour lui subtiliser sa plus belle plume (désolé vieux, ça repousse), je passe m'acheter des parchemins vierges (la vache c'est pas donné ces machins là, et ils ne les vendent que par cent, comme par hasard, hein !) je file m'installer à la taverne Atolmond (la déco m'inspire) et je me concentre.
"Brâkmar, le 9 Novamaire 640.
Très chères tartes au citron,
C'est avec grand espoir que je me permets de vous contacter afin de vous manifester mon envie d'être des vôtres, la déprime me guettant si je ne trouve pas rapidement un groupe pensant à autre chose qu'à me subtiliser mes kamas ou à m'expédier au cimetierre d'Amakna après m'avoir copieusement insulté. Tiens, d'ailleurs, c'est étrange, mais il me semble que l'esprit qui me possède a un peu le même quotidien... Je suis un Osamodas de cercle 57. Certes, je ne brille pas par ma puissance, mais nul doute qu'avoir un éleveur de mouton chantant du Joe Dassin dans ses rangs peut se révéler d'une aide précieuse pour déstabiliser l'ennemi en combat, si ennemis il y a. Je sers la cité de Brâkmar et j'exerce plusieurs métiers: alchimiste, paysan et boulanger, desquels je n'ai plus rien à apprendre. Le premier qui me traite de bouseux se ramasse un coup de faux forgemagée Milajovich, (Humm je prends des risques, premier bide dans la candidature...) d'autant que je songe à me reconvertir un jour, mais je ne sais pas encore dans quel domaine.
Ayant ressuscité depuis peu (suite à un précédent suicide il y a plus de trois ans), je suis très disponible. Un peu trop, même. A l'avenir, j'espère l'être un peu moins. En général, je suis là le matin de bonne heure et régulièrement dans la journée.
Un mot sur le primate qui me dirige: il a 28 ans (oui, c'est vieux, surtout pour un babouin, j'espère qu'il ne va pas me lâcher...), il habite à Rennes, il fait du modelage, du dessin (bon ben ça... niveau babouin, hein ! Il fait ne pas de miracles) et de la programmation. Ne me demandez pas ce que c'est, j'en sais rien. Probablement un genre de magie noire...
Je ne saurais dire ce que je pourrais apporter à la guilde, ne sachant pas de quoi elle manque, mais nul doute que je saurai m'adapter. Par exemple, s'il y a beaucoup de célibataires, je peux toujours fournir en bouftous, c'est pas un problème. Pour de plus amples informations à mon sujet, n'hésitez pas à aller voir du côté du phare d'Amakna s'il n'y a pas un plouc complètement nu vêtu uniquement d'une cape et de bottes de piou bleu, une pelle à la main, en train de déterrer des vieux testaments, ou un psychopathe suicidaire cherchant désespérément à subtiliser les caleçons de la milice bontarienne.
Cordialement, Lankhem Altis"
Allez, je crois que ça ira. Le patron veut fermer de toute façon. Le truc c'est que je n'ai jamais vu de boite aux lettres à Brâkmar... Bah, je vais aller le déposer, ce sera plus simple. En espérant qu'ils acceptent les vieux citrons. Sinon je risque bien de finir en rondelles...